Quand un salon change, on est légèrement perdu, et ce n'est pas désagréable. Le Salon du meuble de Paris, donné moribond l'an dernier et rebaptisé Place au meuble ! (Libération du 19 janvier), s'est repositionné pendant six jours à la porte de Versailles. En séparant bien ses nouveaux objectifs : d'un côté une foire uniquement professionnelle destinée au marché, de l'autre une vitrine design ouverte au grand public, Futur Intérieur (lire ci-dessous).
Mais, dans ce nouveau rangement, il y a forcément des pertes, comme la disparition du Design Lab, qui mettait en relation designers et entreprises pour diverses expérimentations. On trouve aussi de bizarres implantations. Pourquoi le travail prospectif des écoles ou du VIA (Valorisation de l'innovation dans l'ameublement) n'est-il pas présenté à Futur Intérieur ? Notamment pour les cartes blanches, attribuées cette année à Inga Sempe et Matt Sindall.
Processus extrême. Il ne faut pas passer trop vite devant la table blanche aux pieds de dentelle, ou la chaise coque trouée comme du gruyère de Matt Sindall. Car on pourrait prendre son projet W (Double You) pour un travail décoratif. S'il réinterroge la question de l'ornementation, régulièrement bannie du design au nom de la sentence d'Adolf Loos énoncée en 1908 («l'ornement est un crime»), ce n'est pas pour apposer un décor sur une surface. Là, avec le motif du cercle, qu'il utilise comme un trou, ce designer d'origine britannique né en 1958 creuse, sans dessin