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Libération
Interview

Le corps est le matériau central de mon travail puisqu'il est toujours avec moi

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Gary Hill, artiste américain, pionnier dans les années 70 de l'art vidéo et aujourd'hui exposé à la Fondation Cartier à Paris, explique comment il utilise le corps comme instrument de perception du monde. Et pourquoi il abolit de plus en plus les frontières entre texte, image, son et langage.
publié le 3 février 2007 à 5h49

Vous avez commencé votre carrière par la sculpture... En fait, c'est arrivé par hasard. J'étais tout jeune, je devais avoir 15 ans et l'un de mes amis avait un frère aîné, âgé de 21 ans, qui, un jour, a fait une sculpture en acier, avec des tiges assez fines, comme s'il s'agissait d'une cage. Quelque chose de difficile à décrire, une combinaison entre Jérôme Bosch et Alberto Giacometti (rires) qui m'a véritablement obsédé. Il est ainsi devenu mon mentor et je me suis appliqué à reproduire la même chose, à m'y plonger complètement. Je ne connaissais strictement rien à l'art, mais c'est comme ça que j'y suis entré, par la fascination pour une forme. A 18 ans, je suis parti pour la côte est, un peu au nord de l'Etat de New York et j'ai vu une exposition intitulée «Peintures et sculptures de New York 1940-1970». Là, j'ai vu d'un seul coup tous les artistes new-yorkais de l'époque, dont Jackson Pollock, Franck Stella... que je ne connaissais pas du tout. Cela m'a permis de naviguer entre de nombreux concepts, matériaux, techniques et d'aller ainsi de l'un à l'autre. Je me suis vraiment senti libre, j'ai eu l'impression que tout était permis, que je pouvais jouer avec ce que je voulais. Au début, j'ai développé ce que j'avais commencé en sculpture et puis, petit à petit, j'ai commencé à fabriquer mes propres matériaux et à enregistrer des sons, eux-mêmes produits à partir de ces matériaux.

Qu'est ce qui vous a conduit par la suite à la vidéo ?

Encore une fois, c'est le résu