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Musées, le monopole Nord

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Lors d'un colloque lundi à l'Unesco, les patrons du Louvre, du British Museum et de l'Ermitage ont tenté de justifier l'accaparement des oeuvres d'art venues des pays du Sud.
publié le 7 février 2007 à 5h53

L'Unesco le constate : «Un nombre sans cesse grandissant de pays demande le retour d'objets conservés dans des collections étrangères.» Ces «pays source», du Sud pour la plupart, réclament aux grands musées ce qu'ils considèrent être leur patrimoine et leur mémoire. Les musées opposent à ces demandes leur «mission universelle», affirmant ne «pas être au service des habitants d'une seule nation, mais des citoyens de chacune». On en était là lorsque, lundi soir, l'Unesco a rouvert cet épineux dossier en rassemblant à Paris les patrons de trois des plus importants musées du monde, des représentants des «pays source» et des universitaires.

Ces deux heures de débat (1) ont réservé de délicieux moments de comique involontaire. Henri Loyrette (Louvre), Neil McGregor (British Museum) (2) et Mikhail Piotrovsky (Ermitage) se sont naturellement employés à minimiser les différends avec les pays tiers. Pour McGregor, les transports ont fait de tels progrès depuis trente ans qu'un objet ne peut plus être considéré comme étant «fixé quelque part», puisqu'il est disponible presque universellement via des expos itinérantes... Loyrette a quant à lui entonné l'air de l'«objet métis» : certaines oeuvres traversent les pays et les civilisations en changeant de signification. Ce qu'il faut, c'est faire entendre une pluralité de voix autour du patrimoine au sein même des musées, comme le Louvre vient de le faire en invitant l'écrivain Toni Morrison. Enfin Piotrovsky a po