Menu
Libération
Interview

«Ne pas rester insensible»

Article réservé aux abonnés
publié le 7 février 2007 à 5h53

Avec son sixième album, Rebelution, sorti cet automne, la Jamaïcaine Tanya Stephens, une des rares femmes de la culture dancehall, a bousculé le reggae en dénonçant l'homophobie de ses collègues. Elle défendra son point de vue ce soir sur scène entre bombes ragga et ballades r'n'b. En juin 2004, les concerts de Capleton en France, ainsi que le Garance reggae festival étaient annulés sous la pression des associations de défense des droits des homosexuels. Les francophones, Admiral T et Krys, doivent à leur tour s'expliquer de leurs textes violents. Dans sa chanson «Do You Still Care ?», Tanya Stephens met en scène un jeune lascar homophobe, laissé pour mort par ses rivaux et sauvé par des homosexuels.

Comment vos collègues homophobes ont-ils réagi à votre chanson ?

Personne n'est venu me dire quoi que ce soit. Des gens que je connaissais et qui tenaient des propos homophobes m'ont dit que cela les avait touchés, qu'ils n'avaient jamais vu les choses de cette manière.

Comment avez-vous réagi à la campagne d'annulation de concerts ?

Je trouve naturel que les gays se défendent. C'est impossible de rester insensible à des gens qui vous disent qu'ils voudraient vous voir morts. Mais il y a parfois une dramatisation, une exagération de la part de la communauté gay. Pour se défendre, ils s'attaquent à l'industrie entière du reggae alors qu'il n'y a que huit idiots qui se ridiculisent avec leurs propos imbéciles. Je fais partie de cette industrie, et je ne pense pas