A notre mort, que restera-t-il ? Quelques vieux os et le souvenir diffus que garderont de nous nos amis. Depuis l'entrée dans l'ère du numérique, on laisse aussi derrière soi d'innombrables traces (photos, vidéos, textes...) sur les blogs, les forums, les sites de commerce en ligne, les mails, etc., autant de cendres digitales et imputrescibles qui nous survivent, dispersées dans le cyberespace.
«Le mort continue d'exister comme biomasse et traces dans la mémoire globale, dans les banques de données gouvernementales, les archives familiales, professionnelles, et dans les données émotionnelles stockées dans la biomémoire de notre réseau social», analyse la société etoy.CORPORATION, à l'initiative d'un projet au (très) long cours, Mission Eternity, qui pourrait reconfigurer en profondeur le culte des morts. Le principal arsenal de ce collectif artistique suisse pour accéder à l'immortalité consiste à créer des «capsules» qui contiennent des fragments numériques de notre vie, particules de données qui circuleraient à jamais dans l'infosphère.
Se confronter au temps. Etoy (1) s'est fait connaître en tenant héroïquement tête au géant du jouet américain eToys (avec un «s») lors d'une bataille-performance historique, «Toywar», en 1999, pour conserver son nom de domaine (2). Avec Mission Eternity (3), les agitateurs se confrontent à des questions existentielles, telles la mémoire (sa conservation et sa perte), le temps et la mort. Un sujet qui a surgi alors qu'ils fréquentaient