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Libération
Critique

C'est fait de petits liens

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publié le 14 février 2007 à 6h02

Cela s'appelle Un merveilleux jardin, Premier Souvenir, l'Echographie ou encore l'Anniversaire de Sandra. C'est une suite d'instants qui s'imbriquent, des morceaux de mosaïque trouvant immédiatement leur place. L'éclat et la durée d'une allumette qui éclaire brièvement une scène parfaite. D'ailleurs, que cela fasse rire ou pleurer, cela transforme chaque spectateur en petite fille aux allumettes. Ça se passe sur des estrades mouvantes et circulaires que des acteurs déplacent discrètement avec une fluidité de patineur. On voit, on saisit, ça s'efface. Pas de panique, cela reviendra telle une machine à remonter le temps. Car on est soudain projeté trois générations avant. Un drôle de micmac temporel qui bouleverse l'ordre des filiations et rend tout naturel que la petite fille à nattes soit la mère de la quadragénaire hébétée.

Liens. Cela pourrait être banal, car c'est fait de petits riens. Excusez l'expression mal choisie. Les Ephémères, la dernière création d'Ariane Mnouchkine en deux spectacles d'à peu près trois heures quinze, traite du plus essentiel : ce qui nous tisse, nous trame, nous relie les uns aux autres, paroles qui sauvent la vie, lâchetés invisibles, courages dont on ne peut se glorifier, malentendus fondateurs, empathies, coïncidences, obsessions trop constantes pour être conscientes. C'est nous.

Mais il y a d'innombrables manières d'être pluriel et de traquer les fragments d'émotions partagées. Celle du Théâtre du Soleil n'est pas celle de