Après Jusqu'à ce que la mort nous sépare, mis en scène au Rond-Point par Eric Vigner, deux pièces de Rémi De Vos (né à Dunkerque en 1963) permettent de cerner un auteur attiré par les plongées en France profonde. Dans la Camoufle, au Lucernaire, approche historique : le récit va de la guerre de 14 à celle d'Algérie. Occident, au Café de la danse, tend vers la sociologie : un facho alcoolique refait chaque soir la même scène à sa compagne.
Ancrées dans le réel, les pièces de Rémi De Vos ont quelque parenté avec le «théâtre du quotidien» des années 1975-1985. Satiriques, elles jouent de l'humour noir. Dans la Camoufle, Isabelle Hurtin relève le défi d'un monologue qui la trimballe des bras de Landru, son premier amant, à ceux du docteur Petiot. Entre-temps, la jeune ouvrière d'une usine d'armement au temps de Verdun sera devenue tenancière de bordel dans Paris occupé. Le texte est entièrement écrit en argot. Diction et gestes fins, Hurtin est soucieuse de musicalité. Accompagnée à l'accordéon (Franck Angelis), elle joue du saxo. La soirée prend une tonalité nostalgique qui souligne le caractère artificiel de la langue en oubliant un peu sa dimension farcesque.
Occident a tout de la tranche de vie glauque. Au sortir du Flandres ou du Palace, Il s'en prend à Elle : «Putain, salope, je vais te tuer», etc. Un rituel qui est leur façon à eux d'exister ensemble. Hervé Guilloteau, qui anime la compagnie nantaise Meta Jupe (sic), évite de