Les Grands ont souvent eu leurs historiographes. Après Mitterrand, Chirac (1) : Pierre Péan devient celui des souverains républicains finissant. C'est une tradition charmante et ambiguë de l'antique royaume hexagonal. Un exemple demeure mémorable : celui de Racine. Ayant abandonné le théâtre, il devint l'historiographe du Roi-Soleil. Malheureusement, son Histoire du royaume de Louis XIV, qu'il évoque dans sa correspondance, a disparu. On sait que, comme Péan, il y travailla avec sérieux. Ses lettres à Boileau, entre autres, le prouvent. Racine rencontrait régulièrement le souverain. Il était plein d'une dignité obéissante. Le 24 août 1687, il écrit à l'auteur du Lutrin qu'il a dîné au château de Marly (résidence secondaire de Louis XIV) : «Le Roi même y est fort libre et fort caressant. On dirait qu'à Versailles il est tout entier aux affaires, et qu'à Marly il est tout à lui et à son plaisir. Il m'a fait l'honneur plusieurs fois de me parler, et j'en suis sorti à mon ordinaire, c'est-à-dire fort charmé de lui et au désespoir contre moi ; car je ne me trouve jamais si peu d'esprit que dans ces moments où j'aurais le plus envie d'en avoir.» Avoir de l'esprit en présence du pouvoir, absolu ou non, est donné à peu d'hommes : ce rôle est dévolu aux bouffons. Péan, grand saurien de la profession, en eut-il davantage que Racine lorsqu'il fit face à Mitterrand ou à Chirac ? Ou émergea-t-il des entretiens, comme lui, avec le sentiment de ses faiblesses revers d'une t
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