Menu
Libération

Mort d'un marchand passeur

Article réservé aux abonnés
publié le 16 février 2007 à 6h05

Il était toujours excitant de discuter avec Pierre Staudenmeyer dans ses galeries : Neotu, lieu essentiel du design dès 1984 ; puis à Mouvements modernes depuis 2001. Avec lui défilaient dans un débat animé, l'histoire du design, de la céramique, du marché mondial. Ce galeriste, surtout critique des arts décoratifs et du design, qui a étonnamment eu une formation commerciale mais aussi psychanalytique, est mort la semaine dernière d'un cancer, à 54 ans. Avec Neotu, il a «fait» le design des années 80 à Paris. Parmi ses découvertes, Martin Szekely, Garouste & Bonetti, Olivier Gagnère, François Bauchet, Christian Gavoille ; plus tard Konstantin Grcic, «c'est le meilleur» ; et des fidélités aux plus grands Italiens, de Sottsass à Branzi.

Directeur de la collection des livres «Dis voir», cet éditeur a dirigé le numéro sur les «Enfants de Starck». «Regardez cette chaise en métal chromé de Marcel-Louis Baugniet (1928). Elle a un air de famille avec la chaise Dr Sonderbach (1983) de Starck», jubilait Staudenmeyer. Cet érudit nourrissait l'histoire de cet art appliqué si mal compris en France, tout en sachant défendre un jeune graphiste comme Pascal Colrat. «Je me suis demandé si Philippe Starck (inconsciemment ?) n'avait pas créé une postérité ?» On souhaite que Staudenmeyer reste un passeur non consensuel ­ il aimait la joute verbale parfois cassante ­ pour permettre au débat et à la critique du design de continuer. Staudenmeyer en sera le chaînon manqua