Le cinéma de Yasujiro Ozu, actuellement à l'honneur à la Maison de la culture du Japon à Paris, aura fait couler bien de l'encre, inspiré bien des cinéastes, au Japon ou ailleurs. Un air de mystère plane autour de ces films et de leur auteur, qui aura fait dire toute chose et son contraire à leur égard. A l'étranger, Ozu sera «découvert» relativement tôt par la critique américaine et Donald Richie, notamment, qui en donnera d'abord l'image d'un réalisateur «typiquement japonais», puis par la critique européenne et française, qui, sous l'influence des Cahiers du cinéma, tentera de cerner avant tout sa spécificité d'«auteur».
Aujourd'hui, près de quarante-cinq ans après sa mort (1963), sous l'impulsion de critiques comme Shigehiko Hasumi ou de cinéastes comme Kiju Yoshida, l'originalité d'Ozu transparaît suffisamment pour empêcher qu'on l'enferme dans une catégorie toute faite, qu'il s'agisse de celle de son appartenance culturelle, ou de l'esthétique prétendument formaliste voire rigide qui caractériserait (la dernière partie de) son oeuvre.
Anarchiques. A l'occasion du symposium international qui s'est tenu à Tokyo en décembre 2003 pour célébrer le centenaire de sa naissance (12 décembre 1903), réalisateurs et critiques du monde entier ont bien montré la vitalité de l'oeuvre d'Ozu pour le cinéma contemporain. On connaît l'hommage de Wim Wenders (Tôkyô-ga) ou celui, plus récent, de Hou Hsiao-Hsien (Café Lumière), mais on ignore souvent l'importance