Londres de notre correspondante
Quand la National Portrait Gallery a contacté Corinne Day il y a quelques mois pour lui commander un portrait destiné à sa collection permanente, la photographe britannique n'a pas hésité sur le choix du modèle : elle a immédiatement élu Kate Moss, qui ne figurait pas sur la liste des personnalités suggérées par le musée. En 1989, la photographe avait lancé l'adolescente, alors âgée de 15 ans, avec une couverture du magazine The Face. Le résultat de la commande du musée : neuf portraits naturels en noir et blanc de la belle Anglaise, photographiée chez elle, sans maquillage, en décembre dernier.
La présentation au public de ces portraits coïncide avec l'inauguration d'une exposition, «Face of Fashion», qui célèbre le «visage de la mode» à travers ceux de mannequins, artistes et autres célébrités photographiés ces quinze dernières années par Mert Alas & Marcus Piggott, Steven Klein, Paolo Roversi, Mario Sorrenti et, bien sûr, Corinne Day. Ce n'est pas la première fois que la vénérable institution hisse au rang d'art la photographie de mode : il y a cinq ans, une exposition similaire, célébrant Mario Testino, s'était révélée la plus lucrative de l'histoire du musée. Du coup, les cyniques reprochent à la vénérable Gallery de succomber aux sirènes du mercantilisme facile, en choisissant un sujet capable d'attirer des foules plus fashion victims que férues d'art, qui plus est en pleine semaine des défilés de prêt-à-porter londoniens.
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