Menu
Libération
Critique

Wim Crouwel, la force des polices

Article réservé aux abonnés
publié le 16 février 2007 à 6h05

Il faut aimer la typographie, le dessin d'une lettre, le mouvement créé par un ensemble de caractères, la grille qui structure simplement blancs, noirs et aplats de couleur pour apprécier l'exposition consacrée à Wim Crouwel. Pas une illustration dans ses travaux présentés à la galerie Anatome ­ alphabets, affiches, catalogues ! Seulement les éléments plastiques des caractères. Ce Néerlandais né en 1928 est une figure essentielle du monde du graphisme européen, de ses recherches personnelles à l'agence Total Design qu'il a cofondé à Amsterdam en 1963. Et pourtant, c'est la première présentation de son travail en France. Un ensemble exclusivement tourné vers la typographie, avec des oeuvres issues de la collection du Stedelijk Museum d'Amsterdam. Une exposition qui s'inscrit dans la manifestation «Haut les Pays-Bas», menée toute l'année 2007 par l'Institut néerlandais.

Abstraction de la lettre. En 1967, Crouwel crée le New Alphabet. Après avoir observé les premières applications de l'ordinateur à l'imprimerie ­ c'était précurseur ­, et constaté la difficulté à reproduire numériquement les caractères classiques, il part à la recherche d'un caractère adapté à ces nouvelles technologies. Il y a de l'abstraction dans cette prospection, beaucoup d'expressivité aussi. La lettre «a» par exemple, esseulée, n'est pas identifiable, code sans usage, car c'est l'ensemble du système qui fait signe. Il s'affranchit là du strict fonctionnalisme suisse qui est une de ses matrices, lui qui a e