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Jean Duvignaud, dernière fête

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Penseur des imaginaires sociaux, écrivain, poète, dramaturge, professeur, le sociologue vient de mourir à La Rochelle à 85 ans.
publié le 21 février 2007 à 6h13

«La fête est ce moment privilégié, toujours attendu avec impatience, qui se trouve moins à l'intérieur du temps social qu'à ses marges.... Aussi est-elle propice à la mise en relation de ce qu'il faut ordinairement séparer : les classes sociales, les sexes, les âges, voire les vivants et les morts, l'humain et le divin, le social et la nature.» C'est par ses travaux sur la fête ­ depuis le Don du rien. Essai sur l'anthropologie de la fête (Stock, 1977), jusqu'à Fêtes et civilisations (Actes Sud 1991) ­, que Jean Duvignaud s'est imposé comme sociologue et a balisé le domaine de la «sociologie des imaginaires sociaux».

Partage. Il vient de mourir à La Rochelle, sa ville natale, à 85 ans. Professeur émérite de l'université de Paris-VII, après avoir enseigné à Tunis et à Tours, il était un maître socratique, doué d'une énorme capacité de partage, qui a formé de nombreux disciples et enrichi des générations d'étudiants. Ce n'est pas par hasard qu'il axa sa recherche sur la fête justement, le don, la gratuité, le rire. Attentif à toutes les formes de nouveautés, quel que fût le champ où elles apparaissaient, dans la réalité sociale comme dans la fiction, il a expérimenté toutes les formes d'écriture, poétique, théâtrale, critique.

Etudiant, il quitte la khâgne du lycée Henri-IV en 1943, pour échapper au STO, et s'engage dans la Résistance, prend le maquis dans l'Ouest et participe de l'intérieur au siège de La Rochelle. Après la guerre, devenu professeur de phi