«La fête est ce moment privilégié, toujours attendu avec impatience, qui se trouve moins à l'intérieur du temps social qu'à ses marges.... Aussi est-elle propice à la mise en relation de ce qu'il faut ordinairement séparer : les classes sociales, les sexes, les âges, voire les vivants et les morts, l'humain et le divin, le social et la nature.» C'est par ses travaux sur la fête depuis le Don du rien. Essai sur l'anthropologie de la fête (Stock, 1977), jusqu'à Fêtes et civilisations (Actes Sud 1991) , que Jean Duvignaud s'est imposé comme sociologue et a balisé le domaine de la «sociologie des imaginaires sociaux».
Partage. Il vient de mourir à La Rochelle, sa ville natale, à 85 ans. Professeur émérite de l'université de Paris-VII, après avoir enseigné à Tunis et à Tours, il était un maître socratique, doué d'une énorme capacité de partage, qui a formé de nombreux disciples et enrichi des générations d'étudiants. Ce n'est pas par hasard qu'il axa sa recherche sur la fête justement, le don, la gratuité, le rire. Attentif à toutes les formes de nouveautés, quel que fût le champ où elles apparaissaient, dans la réalité sociale comme dans la fiction, il a expérimenté toutes les formes d'écriture, poétique, théâtrale, critique.
Etudiant, il quitte la khâgne du lycée Henri-IV en 1943, pour échapper au STO, et s'engage dans la Résistance, prend le maquis dans l'Ouest et participe de l'intérieur au siège de La Rochelle. Après la guerre, devenu professeur de phi