Il y a peu, on a pu constater le retour dans les conversations, d'une vieille expression hors d'usage. Soit un double verbe : «faire suer», suivi de son complément d'objet, «le burnous...» Faire suer le burnous. Qui dit pire ? Quoi dit mieux ? On fait suer quoi ? Réponse : «...le burnous». Et alors qui fait suer qui ? Qui fait tuer comment ?
Evadé. Tuer et suer. C'est comme Succo et Zucco. Une seule consonne varie. Bernard-Marie Koltès, dramaturge français mort du sida en 1989 à 41 ans, intitula Roberto Zucco sa dernière pièce, la seule à n'avoir pas été commandée-créée par Patrice Chéreau, alors aux Amandiers de Nanterre. C'était en 1989, le testamentaire thriller avec ado fou et fille naïve, Roberto Zucco, inspiré d'un fait divers, le suicide de l'évadé marseillais Succo, fut aussitôt monté à Berlin par Peter Stein.
Revenons au burnous... C'est donc en 1830, avec l'entreprise de colonisation de l'Afrique du Nord, qu'est apparue la parlante image du burnous qui sue (qu'on tue). Le burnous est une ample cape d'un textile lourd. Le burnous comporte un capuchon efficient contre le soleil et, la nuit, contre la froidure.
Madame Muriel Mayette, nouvel administrateur de la Comédie-Française, présente pour lancer son mandat une mise en scène du Retour au désert, pièce du puissant Koltès, déjà un classique des scènes contemporaines, qui ainsi entre au répertoire du Français. Unique théâtre du pays à avoir les moyens et st