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Libération

L'enlèvement au sérail

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publié le 23 février 2007 à 6h15

Alain Duhamel a le droit, et peut-être même le devoir, de dire qu'il préfère François Bayrou. D'ailleurs, Bayrou n'engage à rien, c'est encore une salle d'attente : un endroit où l'on feuillette des hebdomadaires de droite et des magazines féminins avant de passer sous la roulette. Bayrou ? Celui pour qui on vote quand on ne sait pas pour qui on va voter. Peut-être qu'on ne saura jamais, qu'on restera en salle d'attente. Peut-être Alain Duhamel n'a-t-il pas choisi. Qui est-il, ce ludion qui tient chronique un peu partout, dont ici ? Une grenouille compétente et civilisée. L'enthousiasme est ce qui le caractérise : il porte sur le milieu qu'il entretient et qui l'entretient un regard de vieux gamin sage, précis, légèrement espiègle, toujours gourmand. Cet enthousiasme l'a verni, endurci dans le velours de sa notoriété. Une joie mobile et minérale anime sa permanence, son indifférence peut-être : il est du centre, mais sans gravité. Son appétit est fait d'une curiosité un peu monstrueuse, perpétuellement renouvelée : la grenouille avale tout dans l'aquarium. Rien ne paraît le décevoir, l'accabler, l'agacer, le dissoudre. Les hommes politiques passent, il reste. Il se nourrit de leurs apparitions, de leurs disparitions. Sa mémoire est assez longue pour réfléchir, assez courte pour rebondir. Il a notabilisé son rêve d'enfance. Depuis quarante ans, il croit en la médiation, la raison, le juste milieu. Toute idée de violence et de révolution lui est naturellement étrangère. Il l'e