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Libération
Interview

Nous sommes dans le mythe de l'amour parental

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publié le 23 février 2007 à 6h16

Psychiatre pour enfants et adolescents, Marie-Rose Moro exerce à l'hôpital Avicenne de Bobigny, en Seine-Saint-Denis. Chef du service de psychopathologie infantile, elle voit dans sa pratique quotidienne des enfants du monde entier. Elle vient de publier Aimer ses enfants ici et ailleurs (1).

Vêtements, poussettes design, meubles pour enfant : rien ne semble trop beau pour certains parents. Pourquoi une telle attention ?

Aujourd'hui, notre société est traversée par un mouvement massif d'identification aux enfants. On valorise tout ce qui touche à l'enfance. Mais cette bienveillance a des limites : l'enfant doit être comme on veut, c'est-à-dire parfait. On n'aime que les enfants qui ne contrarient pas nos idéaux. On cherche donc le meilleur pour les siens : on les regarde, on les habille comme des grands. Mais ce beau meuble ou ce joli vêtement, on l'achète aussi pour soi. Les parents prennent du plaisir à évoluer dans ce monde infantile, à s'y projeter. Les parents s'identifient aux enfants, et les enfants s'identifient aux adultes, voilà pourquoi ce lien marche si bien. Par ailleurs, les adultes supportent mal les contraintes de la fonction parentale. Ils aiment la tendresse que leur donnent leurs enfants, ils veulent être aimés mais n'aiment pas dire non. Quand les parents s'opposent à leurs enfants, ils essayent de dire oui d'une autre façon, par exemple en achetant un jouet ou un joli objet.

Vouloir «le mieux» pour son enfant est-il une préoccupation nouvelle ?

L'envi