Le Petit Palais et son architecture de pur style 1900 étaient le cadre rêvé pour accueillir les deux peintres que réunit une commune exposition, John Singer Sargent et Joaquín Sorolla Batisda, tant ils ont incarné la peinture à succès de leur temps. Chacun d'eux a su utiliser les leçons de l'avant-garde de leur temps (impressionniste puis postimpressionniste) pour dynamiser leurs représentations au réalisme de moins en moins conventionnel à mesure que leur carrière s'est avancée.
Tempérament. Dans un tel cadre, relativement conservateur mais éclairé, l'Américain d'Europe Sargent (1856-1925) et le Valencien de Madrid Sorolla (1863-1923) ont témoigné l'un et l'autre d'un brio où il faut voir mieux que de la virtuosité : un tempérament à la fois fougueux et conformiste, alliage plus commun qu'il ne semble.
Sargent et Sorolla se ressemblent objectivement, quoique leurs parcours soient sensiblement différents. Héritier d'un milieu cosmopolite et aisé, le premier a fait carrière en Europe ; mais une bonne part de sa clientèle était composée de ses fortunés concitoyens américains. Il a été le premier peintre mondain de la Belle Epoque, rien moins. Il pourrait être un personnage d'Henry James qu'il a, inévitablement, portraituré (le tableau a bizarrement été lacéré par une suffragette). Il a le chic pour accommoder le genre alors vieillissant du portrait à des connotations sexualisantes dans les limites du bon ton, bien sûr, en particulier, à travers une technique de touche légère,