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Critique

Désiré Charnay, beaux vestiges

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Au musée du Quai-Branly, la première exposition d'un photographe français mort en 1925, explorateur fasciné par l'Amérique précolombienne.
publié le 28 février 2007 à 6h21

Désiré Charnay (1828-1915) a été célèbre. A la fois photographe, archéologue et homme de plume, ce «doyen des explorateurs» passait, dans les années 1890, pour l'américaniste français le plus connu du XIXe siècle. Le XXe l'a enseveli dans un oubli que même les spécialistes de la photo ancienne ont assez peu remué, en France du moins. Le musée du Quai-Branly fait donc oeuvre de résurrection en lui consacrant une première exposition spécifique. Précieuse sinon très développée, cette présentation augure plutôt bien du traitement que le musée, riche d'un fonds de quelque 700 000 clichés, entend consacrer, régulièrement, à la photo.

Alors que la plupart des pionniers de la photographie orientaient leurs voyages vers le «grand tour» méditerranéen, aimantés par les ruines gréco-romaines, les vestiges de l'Egypte et les souvenirs de la terre sainte, Charnay, lui, s'est d'emblée élancé sur des voies radicalement différentes. Comme happé par les vents d'outre Atlantique et la fascination de l'Amérique précolombienne, il s'inscrit en complète rupture avec les tropismes et le romantisme iconographique de ses contemporains. Ses vues détonent.

C'était un fils de bonne famille, au tempérament baladeur. En 1851, il a vingt-trois ans, et on le retrouve déjà à la Nouvelle-Orléans, où il découvre les ouvrages illustrés de John Lloyd Stephens et Frederick Catherwood sur la civilisation maya, qui vont lui instiller sa fascination pour le patrimoine archéologique méso-américain. Retour à Par