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Interview

Au XVIIe, bottes blanches et cheveux hirsutes, de jeunes aristocrates paradaient à la cour

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par Valentine GAY
publié le 2 mars 2007 à 6h24

Xavier Chaumette est directeur de l'école Mod'Art International. Historien de la mode, il observe avec attention comment les adolescents s'approprient les styles.

Qu'est-ce qui vous frappe aujourd'hui dans la tenue des adolescents ?

Pour la première depuis quinze ans, de jeunes bourgeois issus des centres-ville s'emparent de la mode. Après des années de sportswear, on remarque à Paris, mais aussi à Londres et à New York, l'apparition massive de jeunes minets. Ils reprennent les thèmes des années 60 avec des exagérations étonnantes. Ils ont des cheveux hirsutes mais très balayés et en contraste avec leurs têtes devenues très volumineuses à cause de leurs brushings, leurs jambes sont très fines, moulées dans des pantalons cigarettes. Ils portent des vêtements très étriqués, des petits blousons, et sont minces comme les filles rêvent de l'être. C'est un terrain très favorable pour la mode masculine. Ces jeunes adolescents, même s'ils sont influencés par la mode d'Hedi Slimane, expriment le désir d'affirmer leur différence, voire leur supériorité, après des années de neutralité.

Comment analysez-vous ce retour aux années 60 ?

Dans une société très standardisée, ils retrouvent dans la musique et l'esthétique des années 60 une authenticité, une créativité et un charme qui aujourd'hui n'existent plus. Il n'y avait plus eu de mouvement bourgeois depuis le mouvement BCBG de la fin des années 70, qui incarnait le retour au jazz. Ces mouvements sont portés par des gens qui revendiquent une