envoyé spécial à Madrid
Sous un titre compliqué, se cache une idée simple : une histoire du portrait peint au XXe siècle. Celle-ci ne dit-elle pas son nom parce que ça ferait trop scolaire ? Ou parce que le genre du portrait est censé avoir disparu de la pratique des peintres à l'âge de la modernité ? Par ailleurs, la mention du nom de Picasso dans l'intitulé de cette exposition ne doit pas égarer car, s'il y paraît doté d'ubiquité, il y figure au titre de témoin privilégié, présent dans chacune des sections de cette anthologie, ou presque. Mais, dans son fonds, celle-ci montre d'abord la riche, et partiellement méconnue, vitalité de l'art du portrait dans diverses avant-gardes , de (pour faire vite) Van Gogh à David Hockney.
En ouverture un peu décalée de l'exposition, des autoportraits de la fin du XIXe siècle. Vincent, bien sûr, à côté de son copain Paul mais Gauguin n'était pas un assidu du miroir comme lui (ou comme Schiele ou Beckmann, très présents aussi à Madrid). Bouche serrée, Edvard Munch se voit, de l'autre côté du chevalet, comme l'envers du Cri, tout d'angoisse introvertie. Picasso à 20 ans, affublé d'une bizarre perruque de petit marquis mais l'oeil déjà vrillant.
Autoanalyse. Pourtant, dans son oeuvre prolifique, Picasso ne s'est pas montré enclin à l'autoreprésentation un goût somme toute peu répandu de son vivant. Ce n'est qu'à l'autre extrémité du parcours qu'on retrouvera comme une composante forte de la personnalité de peintres modernes (ou post