«Voici des fruits, des fleurs, des feuilles et des branches...» Et puis voici des coeurs de satin écarlate ornés d'ampoules à mamelons clignotantes, des triangles de marabout rouge fluo bouillonnant sur des strings de dentelle noire, des oiseaux piqués dans des nids de fourrure à sertir entre les cuisses, des bouquets de boules de Noël à suspendre au sein, des imitations de téléphones portables à décrocher, sonnerie incorporée, en lieu stratégique... La «lingerie» syrienne qui, à la faveur de l'exposition parisienne du Point éphémère, déborde des souks de Damas sur les bords du canal Saint-Martin, n'est pas un poème, c'est une ode, un délire de nylon symphonique, né du rut enfiévré de Pigalle et de Disneyland.
Explosif. Ces dessous-là ne sont pas faits pour supporter des vêtements de dessus, ni pour s'exhiber sous les sunlights de cabaret. Leur usage, strictement domestique, est réservé à l'émerveillement conjugal. Ces bouts de tissus dérisoires et explosifs cousent l'envers du voile, ainsi que l'illustre un grand triptyque (les Trois Garces) de Majida Khattari, l'une des huit artistes, toutes originaires du monde arabo-musulman, invitées à réagir au sens de ces parures.
A Damas, ces sous-vêtements se vendent autour de la mosquée des Omeyyades et au grand jour des boutiques du souk Al-Hamidiyé, librement fréquentées par des femmes voilées. Ces éventaires qu'elle trouvait, en jeune fille moderne et occidentalisée, dignes d'un sex-shop parisien, ont stupéfié Arwad