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Critique

Pablo Picasso, bouillant de vieillesse

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Art. A Düsseldorf, une exposition retrace les dernières années, 1960-1972.
publié le 12 mars 2007 à 6h34
(mis à jour le 12 mars 2007 à 6h34)

En ses 91 ans et demi d'existence, Picasso ne s'est jamais arrêté de dessiner ou de peindre, sauf au tout début. Depuis sa mort, des expositions ouvrent leurs portes aux quatre coins du monde pour montrer ce qui sortait ainsi de ses doigts. Pour mesurer l'ampleur de cette activité, il suffit de consulter le site de ses héritiers (www.picasso.com). En France, seulement cinq expositions Picasso seront inaugurées d'ici l'été prochain.

Distraction. Quelques-unes de ces manifestations se détachent du lot. C'est le cas de celle qu'on peut voir à Düsseldorf, montrée cet automne à l'Albertina de Vienne. Les oeuvres présentées ont toutes été produites après l'installation de Picasso à Mougins, en 1961. Si le peintre n'est pas mort le crayon à la main, c'est par distraction passagère. Presque seul avec sa femme Jacqueline, dans sa thébaïde de Mougins, il s'est battu jusqu'à la fin, comme la chèvre de M. Seguin jusqu'à l'aube, contre la toile ou le papier ­ «contre le Temps» peut-être aussi ­, selon le titre de l'expo.

Loin d'aller vers un tarissement, les années de vieillesse ont vu un jaillissement productif inconnu dans sa longue et pourtant prolixe carrière. On hésite sur le qualificatif à appliquer à son travail, tel qu'il se déploie dans ces années-là ­ machinique, maniaque ou magistral ? Il y a quelque chose de fascinant à pénétrer, grâce aux oeuvres montrées à Düsseldorf, dans cette forge endiablée où un homme nu et déterminé martèle sans fléchir son des