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Libération
Critique

Praxitèle polycopié

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publié le 27 mars 2007 à 6h50

C'est à genoux qu'il faudra commencer la visite de l'exposition que consacre le Louvre à ce sculpteur, qui forme, avec son prédécesseur Phidias et le peintre Apelle, la triade olympienne de l'art antique. A genoux, donc, on déchiffrera les inscriptions d'un piédestal placé devant l'entrée, qui se concluent par : PRAXITELES EPOIESEN, «Praxitèle l'a fait». Plus de vingt-trois siècles après la mort du sculpteur, cette signature est restée assez prestigieuse pour que le Louvre l'ait utilisée, avec un orgueilleux laconisme, pour titre d'une rétrospective. Mais la statue sur l'Acropole à laquelle ce socle était destiné a disparu et on ignore même ce qu'elle pouvait représenter. Voilà le visiteur prévenu. Si éclatante que soit la gloire du sculpteur athénien, nous ne possédons rien d'indubitablement sorti de sa main, sauf, à l'extrême rigueur, une tête féminine colossale et très abîmée... dont la principale caractéristique est d'être étrangère au style de Praxitèle.

On a déterré pourtant, des îles grecques jusqu'à la Provence, suffisamment de statues de marbre copiées sur les originaux de Praxitèle ou inspirées par leurs caractéristiques, pour que son oeuvre soit mieux qu'une reconstruction théorique : une réalité palpable. Même si les sculptures exposées sont des copies ­ voire des copies de copies ­ celles-ci remontent à l'Antiquité, où elles étaient avidement collectionnées par les amateurs. Pour les oeuvres les plus recherchées, on a les vestiges plus ou moins complets de