Voués à la défense des écritures contemporaines, Micheline et Lucien Attoun sont de ceux qui (tels les professeurs par exemple) ne vieillissent guère. Sourciers, ils guettent le neuf, l'inédit. Jean-Luc Lagarce, d'un rire, les appelait «Papa Attoun» et «Attounette, ma seconde maman». Les premiers, en 1980, à publier cet auteur franc-comtois (1957-1995), les Attoun accueillent un volet de la célébration tous azimuts de l'«Année Lagarce», orchestrée par les Solitaires intempestifs, maison d'édition rêvée en legs par l'écrivain, poète, metteur en scène, acteur, diariste, dont Jean-Pierre Thibaudat raconte, peint les vies parallèles dans le Roman de Jean-Luc Lagarce, une biographie.
Le 1er avril 1994, il y a treize ans, Jean-Luc Lagarce rédigeait son testament: il se savait condamné. Choisir un 1er avril pour consigner ses dernières volontés, ça lui ressemblait. Lagarce naquit un jour de Saint-Valentin: joli aussi. Le 14 février dernier donc, est publié le vrai livre de Jean-Pierre Thibaudat. Ce jour-là, un héros longiligne aux belles mains se serait mué en quinquagénaire, d'élégance éternelle.
Funambulisme. Thibaudat qui, depuis un an a quitté Libération, a longtemps été responsable de la rubrique théâtre du quotidien qu'aux matins, avec avidité, Jean-Luc Lagarce épluchait, et dans lequel, en 1987, il signa du nom de Paul Dasthré trois articles sur le cinéma: à la louange d'actrices en femmes mûres. Trois fragments infimes de la masse énorme de