De la commedia dell'arte au néoréalisme à l'italienne, il n'y a qu'un pas que le metteur en scène, Jean Liermier, fait allégrement franchir à Molière, avec Sganarelle versus Eric Elmosnino en plus fidèle allié. Beau gosse, grande gueule, un rien marlou, genre nerveux de la gâchette, l'acteur endosse le rôle-titre de l'ivrogne imposteur du Médecin malgré lui comme une seconde peau. Aussi naturellement à son aise dans la langue de Molière, qu'il visite pour la première fois, que chez Bond, Tchekhov ou Valletti.
Anachronismes. La farce est brève et rondement menée avec ce qu'il faut d'anachronismes concédés à la modernité par Jean Liermier, un jeune metteur en scène genevois qui fut longtemps assistant d'André Engel et dont on découvre aujourd'hui en France le savoir-faire. Molière y tricote ses motifs de prédilection : la médecine comme instrument de pouvoir, et l'émancipation des femmes.
C'est à sa chère et tendre que ce bon à rien (sauf à boire) de Sganarelle doit d'enfiler la blouse blanche. Sans cesse battue par son vaurien d'époux, Martine ne rêve que de se venger. Passent deux hommes du seigneur Géronte, en quête d'un médecin pour soigner sa fille devenue brusquement muette à l'approche d'un mariage arrangé. Martine leur assure alors qu'elle en connaît un excellent qui n'avouera ses talents que sous les coups.
Dûment rossé, Sganarelle se retrouve en deux temps trois mouvements dans une riche maison à faire le médecin pour soigner une fausse malade. Ce qu'il fera