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Libération
Reportage

Ma'aloula, l'araméen sur la brèche

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par Marion TOUBOUL
publié le 6 avril 2007 à 7h03

C'est une histoire vieille de deux mille ans : une jeune vierge du nom de Thècle, après s'être convertie au christianisme, fuit Antioche qui la persécute. Arrivée devant les sommets de l'Anti-Liban, dans l'actuelle Syrie, elle ne peut plus s'échapper à ses poursuivants. Dieu fend alors la montagne pour l'accueillir et la protéger. Ainsi serait né, perché à 165 mètres d'altitude, dans la faille de deux énormes roches, le village de Ma'aloula («entrée», en araméen).

Un peu comme un Lourdes miniature, on peut encore aujourd'hui visiter la grotte où la sainte s'est réfugiée, boire à la source qui lui a miraculeusement permis de tenir debout alors qu'elle ne se nourrissait que d'herbes... 5 000 personnes vivent désormais à Ma'aloula : 4 000 chrétiens, en majorité grecs orthodoxes, et un millier de musulmans. En contrebas de la fameuse grotte, une vingtaine de religieuses habitent le couvent Sainte-Thècle (Mar Tekla). Difficile d'attirer leur attention : ces petits bouts de femmes, très âgées pour la plupart, sont tout à leurs prières, quand bien même elles s'agitent sur les chemins escarpés de la montagne.

Manne financière. Le calme, c'est bien le maître mot de ce village. Seuls le chant du muezzin, qui s'échappe cinq fois par jour des deux mosquées, et les cloches des huit églises, qui à midi retentissent ensemble, rompent quelques minutes un silence monastique. Pour croiser les habitants, il faut s'enfoncer dans le labyrinthe de maisons serrées les unes contre les autres, comme