Un matin d'avril 1879, le pied du facteur Ferdinand Cheval buta sur une pierre, et sur cette pierre, il bâtit en trente-trois ans ! une cathédrale païenne et prolétarienne : le Palais idéal. Depuis lors, chaque génération s'en va à Hauterives, dans la Drôme, contempler cet édifice magique et monstrueux pour s'interroger sur l'Homme, l'Art et les PTT.
Art brut. Les plus jeunes n'auront même pas à faire le déplacement (mais ils auraient tort) puisque le musée de la Poste leur offre, à Paris, une reproduction au 1/10e du monument, accompagnée de moult documents pour faire connaissance avec ce sommet d'art brut et avec son créateur : photos, films, écrits. Des hommages d'artistes aussi, et non des moindres : des surréalistes, en rangs serrés derrière André Breton, des piliers du Nouveau Réalisme (Jean Tinguely, Niki de Saint Phalle), des grands noms de la photographie (Brassaï, Doisneau, Ronis, etc.) et même des musiciens (Gérard Manset, Daniel Humair).
Heureusement, il y a plus. La commissaire de l'exposition, Josette Rasle, s'est mis en tête de chercher les «poulains» du Facteur Cheval (1836-1924), autrement dit, ses fils spirituels. Une entreprise hasardeuse si l'on considère que les «artistes du bord des routes» n'ont ni pères ni repères, et que c'est ce qui fait leur charme. Mais va pour «poulain», c'est un joli mot dans ce contexte. Paul Amar, par exemple. Pas le journaliste, mais l'ancien coiffeur et chauffeur de taxi. Dans son appartement d'un HLM parisi