«Tu connais les Européens ! On ne peut pas jouer en parallèle. Ce doit être circulaire, parce qu'ils attendent l'apogée !» A quelques jours de son concert à Paris, dans le cadre du festival Faubourgs d'Afrique du Sud à la Cité de la musique, Zim Ngqawana est inquiet. Le public français est «l'un des meilleurs» et il n'a pas eu le temps de préparer son concert avec Andile Yenana. Le duo n'a commencé à répéter que dimanche, à la ferme que Zim vient d'acheter au sud de Johannesburg. «Ça va marcher!» dit Yenana, bonnet noir et lunettes fumées à la Ray Charles, en piochant un thème sur le piano à queue de la petite salle de concert que Zim aménage dans la maison au toit de chaume, au milieu des champs.
Agé de 47 ans, découvert tardivement en 1994 après son retour d'exil, Zim est un des musiciens les plus doués d'Afrique du Sud. Le jazz est ancré dans ce pays, depuis l'âge d'or des années 50, où le quartier de Sophiatown (rasé par les bulldozers de l'apartheid en 1963) était le «Harlem de Johannesburg». Egalement à l'affiche du festival, le pianiste Abdullah Ibrahim, 73 ans, appartient à cette première génération (Hugh Masekela, Jonas Gwangwa, Miriam Makeba...) exilée, qui a atteint une renommée mondiale. Zim est l'un de leurs rares héritiers.
«Le jazz classique est mort en Afrique du Sud, lance Brad Holmes, propriétaire du Bassline, deux salles de concert au centre de Johannesburg. La plupart des artistes actuels [Judith Supenya, Simphiwe Dana, Ji