Le pays des Mayas et des Aztèques, des pyramides et des faits révolutionnaires de Pancho Villa et Emiliano Zapata recèle, dans la jungle de la Sierra Madre, un joyau plus contemporain, mais tout aussi extraordinaire. Un jardin unique en son genre, sorti de l'imagination d'un excentrique Anglais, Edward James, né il y a un siècle exactement. Toqué de surréalisme, ce milliardaire dont la mère, dit-on, aurait été l'enfant illégitime du roi Edouard VII, a longtemps fréquenté, lorsqu'il était encore à Londres, les cercles de ce mouvement artistique. Finançant Dalí et Magritte, se prenant d'amitié pour Eleonora Carrington, Kurt Weill, Brecht ou Balanchine, Man Ray ou encore Aldous Huxley.
En 1947, lassé de la vie facile londonienne, il s'entiche du Mexique... et d'un Indien Yaqui, du nom de Plutarco Gastelum. Ensemble, ils forment le projet de cultiver une espèce exotique d'orchidées. Xilitla (« lieu où l'on trouve des escargots» en nahuatl, la langue parlée par l'ethnie de la région), une petite ville lovée au coeur de la forêt tropicale, à 450 kilomètres au nord de Mexico, dans la région Huasteca réputée pour ses grottes. Plus particulièrement, le lieu-dit «Las Pozas» (lagons naturels) le séduit. On dit qu'un jour, James, se baignant nu dans l'un de ces lagons, fut recouvert par une nuée de papillons monarques. Il interpréta cela comme un signe du ciel et acheta l'endroit, trois hectares de jungle à flanc de montagne dans ce paysage magnifique où règnent en maîtres les oiseaux et