En parallèle de ses vidéos récemment montrées au centre photographique d'Ile-de-France de Pontault-Combault, Manuela Marques développe depuis quinze ans une réflexion photographique singulière, basée sur la rareté de ses expositions et une production d'images presque confidentielle. «Je travaille dans la soustraction plutôt que dans l'accumulation. Je photographie peu, et je peux rester un an sans prendre une image», explique cette jeune artiste franco-portugaise, qui présente en sept reproductions son dernier opus (2005-2007), volontairement non titré.
Ce sont des images d'une extrême simplicité, où l'on se projette d'autant plus facilement qu'elles exercent une certaine attraction, et même de la fascination. Impossible de savoir où l'on est, et ce qui s'y passe vraiment, il n'y a aucun indice de lieu, et toujours un doute sur la réalité même de ce que l'on croit voir. Ainsi, cette femme seule, assise sur le bord d'un trottoir, que fait-elle là ? Elle est penchée et paraît s'examiner les pieds avec beaucoup d'attention, s'est-elle endormie ? Ou cette femme enceinte, le dos nu offert au spectateur, qui s'appuie sur un mur comme si elle voulait l'empêcher de s'écrouler.
Désirs. Heureusement, Manuela Marques aime à donner des pistes. Ces photographies ne sont pas des documents ni des instantanés, mais des images qu'elle avait en tête. Mieux : elle les attendait. Pas d'instant décisif, donc, mais un état de reconnaissance immédiat, où tout s'accorde selon ses désirs. «