à Lourmarin
Michel Tardieu est un faiseur de vins. Lui aussi, comme le chef cuisinier cité plus haut, a pris le temps d'arriver à sa vocation, à l'approche de la quarantaine. Il a un diplôme de gestion, mais ne s'est guère occupé de gestion avant de créer sa société, il y a dix ans. Entre-temps, il a été chauffeur pour le conseil général du Vaucluse. Mais, dès 18 ans, il s'était constitué une cave de 800 bouteilles, dans une maison où un débat historique opposait père et mère, elle plutôt pommard lui carrément châteauneuf.
Aujourd'hui, nouveau venu dans le négoce en vins, il sort des flacons amoureux. Son complice, orwellien : Philippe Candie, oenologue-conseil de Châteauneuf-du-Pape. Un fameux. Le négociant achète aux vignerons pour assembler les vins, les «élever» (autrement dit, les faire mûrir en barriques) et les commercialiser. Ce métier n'a pas toujours bonne presse, dans un pays enrichi du mythe du petit propriétaire endurci. Mais là, ce n'est pas du commerce, c'est de l'apostolat. Les deux hommes accompagnent en amont les vignerons avec lesquels ils travaillent. Philippe suit vendanges et fermentations. Les rendements sont minimaux. Mis en barriques, le vin est transporté aux chais de Lourmarin, où Michel Tardieu l'entoure de tous les soins. Comme en Bourgogne, le transport se fait toujours en barriques, pour éviter les pompages néfastes. Résultat : un beau blanc, et, en rouge, un côtes-du-rhône village, un châteauneuf-du-pape attractif, un hermitage de garde, un «vie