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Libération
Interview

«Victoria Beckham, c'est Tony Montana en Wonderbra»

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par Thomas BOHBOT
publié le 13 avril 2007 à 7h11

Guillaume Erner est maître de conférences en sociologie à l'Institut d'études politiques de Paris. Il est l'auteur de Victimes de la mode, paru aux éditions La Découverte. Il analyse ici l'image que véhiculent les femmes de footballeurs célèbres.

Que pensez-vous de la façon dont sont représentées dans les médias les femmes de footballeurs ?

Dans la mythologie contemporaine, elles concentrent en elles presque tout le mal social ­ la sexualité quasi vénéneuse, une plastique parfaite puisqu'artificielle, une cupidité sans limites, le mauvais goût incarné. Mais cette représentation s'apparente ni plus ni moins à du racisme de classe. La société ne tolère que les anciens riches et, à la limite, les nouveaux pauvres. La femme de footballeur est dangereuse puisqu'elle incarne le désordre social. Victoria Beckham, c'est Tony Montana en Wonderbra.

Mais toutes les femmes de footballeurs ne s'appellent pas Victoria Beckham...

Non et bien sûr, toutes les femmes de footballeurs ne se valent pas. Par exemple Mme Ribery parle, selon Paris Match,«avec simplicité». La voilà sa qualité : elle a su rester simple, autrement dit l'argent ne lui est pas monté à la tête, elle est comme Nicole Henry, (toujours Paris Match) «anti-tape-à-l'oeil». En somme, le mérite de ces femmes d'origine modeste, nous dit la presse, c'est d'avoir su rester modestes, autrement dit d'avoir consolidé le statu quo social. La leçon sous-jacente, c'est, bien sûr, qu'il n'est pas sage de sor