Paris 1926, les Ballets russes donnent Roméo et Juliette. La direction artistique est signée Serge Diaghilev, les décors, Max Ernst et Joan Miró. Armé de sifflets, un groupe d'intervention artistique distribue des tracts : «Il n'est pas admissible que la pensée soit aux ordres de l'argent.» La Protestation orchestrée par André Breton et Louis Aragon rappelle qu'un artiste se réclamant du surréalisme (le premier Manifeste date de 1924) ne se compromet pas avec la vénalité du commerce, fût-ce pour la création d'un décor. Car les forces de la poésie et de l'imaginaire ne sauraient être livrées aux mains des marchands.
Erotisme. La grande exposition de printemps du Victoria and Albert (V & A) Museum de Londres démontre tout le contraire. La récupération de l'esthétique surréaliste, mêlant rêve, érotisme et sens de l'absurde, n'a pas attendu la société du spectacle et de la consommation de masse. Les «collusions» furent quasi immédiates et souvent fructueuses. Si les malheureux Ernst et Miró eurent droit à l'excommunication, ce ne fut pas le cas de Man Ray qui, dès le début, utilisa le médium photographique à des fins publicitaires. La distribution des anathèmes était quelque peu arbitraire, voire de mauvaise foi. Malgré une critique sociale d'inspiration marxiste sous-tendant le projet, le pontife du surréalisme, Breton, était conseiller du collectionneur Jacques Doucet et avait collaboré avec Marie Cuttoli pour sa production de tapis.
Aussi l'ironie n