Le mois dernier, en interview au journal allemand Welt am Sonntag, le dandy crooner Bryan Ferry s'est lâché : «Les nazis avaient réellement l'art et la manière de se mettre en scène. Je parle des films de Leni Riefenstahl, des immeubles d'Albert Speer, des grandes parades et des drapeaux fantastique, vraiment beau.»
Ce cri du coeur du chanteur de Roxy Music a surgi en fin d'entretien. Ferry hésitait à révéler à son intervieweur le surnom qu'il a donné à son studio d'enregistrement près de Londres : Führerbunker, le bunker du Führer. Mais comme l'intervieweur, à sa surprise, le savait déjà, Ferry a abandonné toute précaution de langage.
L'affaire en serait peut-être restée là si Bryan Ferry, 62 ans, n'arrondissait pas ses fins de mois en faisant le mannequin de luxe pour les collections de vêtements de Marks & Spencer, dont le fondateur, Michael Marks, est venu en Grande-Bretagne vers 1880 pour fuir les persécutions dont les Juifs étaient victimes en Pologne.
Des voix se sont peu à peu élevées en Angleterre pour s'émouvoir des déclarations de Ferry. Dimanche, l'Independent on Sunday titrait sur «La gaffe nazie de Bryan Ferry». Le manager du chanteur, Steven Howard, n'arrangeait guère les choses en déclarant benoîtement : «S'offusquer de ces propos, c'est confondre l'esthétique avec l'idéologie.»
Ce n'est pas la première fois que des rockers montrent des rapports ambigus tant avec l'esthétique que l'idéologie. C'est Bowie dans Playboy en