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Libération
Interview

«Le shopping me renvoie à ma mère»

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publié le 20 avril 2007 à 7h19

Cadre dans une banque à Paris, Damien, 34 ans, est confronté à un grave dilemme : il aime la mode, mais est saisi d'angoisse à l'idée de faire les magasins.

«Idéalement, j'aimerais foncer dans un magasin un mardi après-midi m'acheter deux jeans et trois chemises, et être tranquille pour un an. Mais ma copine me dit que ça ne marche pas comme ça. Elle n'a pas tout à fait tort car la dernière fois que j'ai acheté, d'un coup, cinq belles chemises rayées, je ne les ai jamais portées.

«Je dois donc faire, comme on dit, les magasins. Et pour moi, il n'y a rien de plus fastidieux et angoissant. D'abord, il y a la peur inconsciente de s'exposer, comme celle de l'ado de se déshabiller dans un vestiaire de sport. Ensuite, il y a la peur basique de ne pas savoir quoi choisir. Même si je sais exactement ce que je veux ­ j'aime les bons basiques, comme une paire de Converse ou un blouson North Face ­, j'ai toujours la hantise d'acheter quelque chose qui ne me va pas.

«C'est sans doute pour ça que ma "camériste-compagne" se joint la plupart du temps à moi. Il faut bien avouer que sans elle, je serais nettement moins bien habillé. Mais ces séances de shopping me renvoient souvent à ma mère. Adolescent, je voulais des marques, mais pas elle, qui, en bonne militante de gauche, s'obstinait à m'habiller dans les grandes surfaces. Sa grande phrase était : "Damien, je ne comprends pas pourquoi tu n'aimes pas ce pantalon, il est très sportswear." Quant à mon père, il fallait l'accompagner le