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Critique

Léon Spilliaert, halluciné en son miroir

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publié le 30 avril 2007 à 7h29

Voici une exposition qui mériterait davantage d'éclairage de la part du musée d'Orsay. Car pour ceux qui n'ont pas eu la chance de voir cet hiver à Bruxelles la rétrospective consacrée par Anne Adriaens-Pannier à Léon Spilliaert, elle est l'occasion d'en saisir un concentré intense, à travers une vingtaine d'autoportraits de cet artiste belge méconnu de la première moitié du XXe siècle.

Né à Ostende, port sur la mer du Nord, en 1881, dans la grisaille des paysages de dunes, Léon Spilliaert fut dès ses premières années très inspiré par les volutes mélancoliques du symbolisme, qui plonge ses racines dans la poésie et le théâtre. Il devint le créateur de paysages vides, dont les géométries oniriques ne furent pas sans influence sur les travaux de Magritte ou de Chirico. Balançant entre tristesse et cauchemar, son style évolue autant que ses techniques sont variées.

Profil délicat. En parallèle, il revient régulièrement sur son autoportrait, un exercice dans lequel l'introspection bascule vers une vision hallucinatoire. Très construites, ces scènes se placent au coeur d'une peinture qui va du symbolisme à l'expressionnisme. Il peint son premier profil délicat de jeune homme mallarméen, en 1902. Mais il ira, six ans plus tard, jusqu'à des têtes accusant de monstrueuses distorsions, un oeil démesurément agrandi, peut-être crevé, la bouche reprenant leCri silencieux du rêve d'Edvard Munch.

Faute d'Orphée. Cheveux dressés, pommettes aiguës, mâchoires serrées, regard hal