Ce qui s'appelle des rapports filiaux. Un fils et son père dans Mishelle di Sant'Oliva ; une mère et ses trois fils dans Vita Mia : ce qu'ausculte Emma Dante, au fil d'un théâtre du corps pour le moins détonnant, c'est la famille comme lieu de l'aliénation et de l'enfermement ce qui n'exclut pas l'amour , l'indéfectibilité des liens de sang, jusqu'à la perversion. En toile de fond, Palerme et ses rues de misère, la ville où naquit la dramaturge il y a quarante ans, qu'elle quitta le temps de faire l'actrice à Rome, avant d'y revenir, comme aimantée, en 2000, pour y puiser l'inspiration d'un théâtre singulier dont elle signe d'un même mouvement texte et mise en scène, toujours en dialecte. Cette langue rocailleuse, de prime abord très éloignée des rondeurs de l'italien, donne à ses spectacles ce côté terroir reculé. La mafia et sa loi du silence ont beaucoup occupé ses premiers travaux.
Danseuse légère. Après la maison des arts de Créteil, et le Théâtre 71 de Malakoff en début d'année, le Théâtre du Rond-Point accueille à son tour la compagnie Sud Costa Occidentale, pour deux spectacles frères. Dans Mishelle di Sant'Oliva, un jeune homme obèse et son père ventru attendent sur une chaise. Derrière chacun, un rideau de belle étoffe campe un petit théâtre de solitude. Dix ans que ça dure. Dix ans que la mère, une danseuse légère de Paris, les a plantés là, à Sant'Oliva, le quartier des putains. Dix ans que le père ne regarde plus le fils. Car chaque soir,