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Libération

Eole, aire de faubourg

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publié le 25 mai 2007 à 7h56

Ce n'est pas parce qu'il pleuvait, et que l'on s'est d'abord étalée de tout son long sur une allée en béton de l'Esplanade ­ vraiment pas antidérapante ! ­ qu'il faut en vouloir d'emblée au nouveau jardin parisien d'Eole. A tout jardin, on laisse sa chance, celui du temps, celui de voir s'élever ses arbres, de se faire adopter par ses riverains. Reconquis par la Mairie de Paris sur d'anciens terrains ferroviaires, dans un quartier populaire à la limite des XVIIIe et XIXe arrondissements, ce nouvel espace vert qui longe la rue d'Aubervilliers, encore minimal et minéral, doit batailler pour se faire remarquer, dans un faubourg en pleine rénovation, donc en travaux.

Industriel. Mais dès aujourd'hui, cette longue déambulation séduit, car elle s'assume comme un terrain de création très urbain. Le jardin revendique clairement d'être le voisin des voies ferrées en provenance de la gare de l'Est, une passerelle donne même sur ce paysage industriel. Au loin, vue sur le Sacré-Coeur. L'esthétique de ballast y est citée dans la friche des graviers, plantée de vivaces vagabondes. Les cabanes des gardiens et les équipements, buvettes ou services, adoptent la forme de wagons en bois, l'éclairage évoque les lignes électriques de la SNCF. La métaphore n'est pas trop appuyée. «Nous avons respecté cette parcelle toute en longueur, confirme Michel Corajoud, le paysagiste qui a fait muter ce grand délaissé industriel. En reprenant effectivement le vocabulaire des voies ferrées, en jouan