Le week-end dernier, au festival Musiques métisses d'Angoulême, Debashish Bhattacharya, tunique marron, est assis, la guitare sur les genoux. Il en pince les cordes doucement, laissant des microsilences entre deux accords. Puis les notes ruissellent comme une averse tropicale. Style insaisissable, Debashish acclimate la musique classique indienne aux sonorités hawaiiennes. Il joue de la slide guitar. Un cas singulier, tout comme son compatriote U. Shrinivas, as de la mandoline, autre instrument étranger à la tradition locale. Les deux surdoués transforment des compositions classiques hindoustanies ou carnatiques en blues malien, jazz, folk, leur font prendre des accents flamencos, s'amusent à brouiller les pistes. S'ils tournent régulièrement dans le monde, ils jouent pour la première fois ensemble en Occident.
La légende veut que le père de Debashish ait reçu d'un débiteur une guitare hawaiienne en guise de paiement. C'est ainsi que le fiston découvre l'instrument dès sa prime enfance. Il faut rappeler ici que la star d'Hawaii Tau Moe avait introduit en 1929 la slide guitar à Calcutta, lançant une mode qui dura jusque dans les années 40. Debashish quitte les siens à 16 ans pour se perfectionner et se fait fabriquer des dizaines d'instruments. Il baptise ses trois guitares du nom de divinités : Chaturangui (celle aux quatre sonorités), Gandharvi (celle qui chante) et Anandi (celle de l'éternité). Un idéal que l'on peut vérifier sur son dernier disque, publié en