Du Nigeria, où elle est née et a vécu jusqu'à sa vingtième année avant d'émigrer en Allemagne, Nneka a gardé l'intelligence et la ruse des enfants des rues. Ce petit bout de femme de 25 ans subjugue son monde depuis six mois pour peu qu'on soit tombé sur son disque Victim of Truth, sorti en indépendant, ou sur un de ses concerts à Paris, souvent à guichets fermés.
Garçons. Le bouche à oreille a fonctionné à merveille pour Nneka. Lors de son dernier passage au New Morning, à Paris, sa facilité à passer d'un chant soul à un rap énervé rappelait une artiste qui, jadis, jouait sur la même scène entre ses deux potes haïtiens : Lauryn Hill, des Fugees. Nneka, dégaine de rasta, encens à la main, ne s'entoure que de garçons, des musiciens allemands rencontrés avec son DJ FarHot. Elle dégage la même intensité que son aînée américaine et préfère le mysticisme d'un Bob Marley au matérialisme des rappeurs, comme elle le chante dans Material Things. «Mais attention, ce n'est pas un morceau contre eux, dit-elle. J'ai écrit ça parce que j'ai tendance moi aussi à me laisser aller. Il ne faut pas que j'oublie d'où je viens.»
Nneka Egbuna a grandi à Warri, «la cité du pétrole», dit-elle. Son père architecte a abandonné sa profession pour élever des poulets : «La corruption dans mon pays est telle qu'il ne touchait jamais l'argent qu'on lui avait promis lorsqu'il terminait un contrat.» Nneka participe à l'éducation de ses six frères et soeurs, paie son école e