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Libération
Critique

Décalage funéraire

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Autour d'une veillée funèbre en terre nippone, «Chants d'adieu» s'amuse de la rencontre de deux cultures, mêlant répliques japonaises et françaises.
publié le 31 mai 2007 à 8h02

Derrière son éternelle silhouette de petit bonhomme souriant et discret, Oriza Hirata est, à 45 ans, l'une des figures de proue du théâtre contemporain japonais (1). Auteur, metteur en scène et directeur artistique du théâtre Agora, il invite régulièrement les metteurs en scène étrangers intéressés par son oeuvre à venir travailler à Tokyo avec les acteurs de sa compagnie. Laurent Gutmann, tout comme Frédéric Fisbach et Arnaud Meunier, a séjourné à plusieurs reprises au Japon avant de créer, en 2003, les sublimes Nouvelles du plateau S, pièce sur la maladie et la mort inspirée de la Montagne magique de Thomas Mann. Le spectacle donna à Oriza Hirata l'envie d'écrire pour Laurent Gutmann un texte qui confronte les deux cultures. Ainsi est né Chants d'adieu, pièce bilingue pour une distribution franco- japonaise.

Décalage. Le décor réaliste, qui dans sa structure propose des effets de symétrie intéressants, représente l'intérieur d'une maison traditionnelle nippone. Passé le beau prologue muet, où une Japonaise débarrasse en temps réel les restes d'un apéritif, on comprend vite que le contexte est celui d'une veillée funéraire. Marie, jeune Française installée au Japon, est morte brutalement. Ses parents et son frère sont venus de France pour l'enterrement organisé par le mari asiatique, sa soeur et un employé des pompes funèbres.

La veillée autour du corps se déroule dans le hors-scène, tandis que, face à nous, les deux familles tentent de se comprendre en