«Pour me consoler, je me dis que la pop contemplative va bientôt exploser.» Clara, la chanteuse du groupe français Anabase, a raison d'espérer. Car, dix ans après les premiers disques d'Autour de Lucie et de Holden, pourquoi les chansons à climats ne s'imposeraient-elles pas enfin dans un paysage préférant remplir les cases avec du (néo)réalisme ? Né il y a quatre ans autour d'un tandem sorti du conservatoire (art lyrique et art baroque), Anabase, un nom trouvé dans un bouquin de Saint-John Perse pour dire «expédition à l'intérieur de soi», évolue dans ces suites d'accords mineurs qui évoqueraient le retour du progressif au travers d'influences de groupes anglais style Portishead ou Radiohead. «Une chanson, pour moi, ce n'est pas une mélodie, dit Clara, mais une mélodie ET des accords. Pour composer, on se met au piano avec Pierre, il en plaque quelques-uns et je tente une mélodie. Si ça ne va pas, je le pousse du coude, sinon on continue. C'est aussi bête que cela.»
Après une sortie en janvier 2006, le Bonheur flou, premier album d'Anabase, vient de reparaître. C'est un recueil de chansons épousant les quatre éléments (dans l'ordre, l'eau, la terre, l'air et le feu) sur une voix de Valérie Leulliot intimiste : «Je suis la rivière qui penche, le torrent qui s'élance, le murmure sous la glace.» (les Cyclones imaginaires.) Sans tomber dans le new age, ces sons sensations essaient de se raconter dans une langue peu propice à la pop. «Diffici