C'est une exposition où l'on nous demande d'être responsables : l'énergie électrique est invisible, mais se dilapide, et il faut l'économiser ! Fini le temps où, au début du XX e siècle, la fée électricité était représentée par une belle femme bien en chair sur les affiches, traduisant les rêves d'abondance et de magnétisme de cette nouvelle énergie ! Avec la création d'EDF en 1946, et la foi indestructible dans le progrès, la houille blanche est ensuite célébrée à travers la technologie et l'ingénierie, avec des images plus mâles, des centrales aux barrages. «Le désenchantement du monde va de pair avec la masculinisation», explique l'historien Yves Bouvier. A partir des années 80, poursuit-il, «le produit a disparu au profit des valeurs d'entreprise. Mais l'électricité ouvre un nouvel espace imaginaire comme énergie comportementale. Comment, dans ce cas, ne pas voir dans le design actuel, une esthétique de l'apparition ?».
Compteurs. C'est cette «réapparition» de la matière électricité que le designer Stéphane Villard, du département Recherche et Développement d'EDF, met en lumière avec pédagogie dans l'exposition «So watt, du design dans l'énergie». Pour son entreprise et l'image écolo qu'elle se donne, mais surtout pour démontrer que le respect de l'environnement peut être source d'innovation. Pour le plaisir aussi, il n'y a pas que des leçons coercitives bien pensantes au nom du développement durable dans cette histoire-là, mais du passé, des objets étonnan