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Libération
Critique

Un «Misanthrope» un peu acrobatique

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publié le 1er juin 2007 à 8h05

Songeant à Célimène dans son rôle de poupée martyrisée mentant pour échapper aux caprices des hommes, le metteur en scène disparu Antoine Vitez parlait de «mise à mort dans le salon» : quand Alceste à la fin s'éloigne, le regard des autres sur elle continue de tuer. «Célimène mentait comme un oiseau chante ; et eux, ils se sont coalisés pour lui faire honte ; ils ont tué l'oiseau et le chant.» Où ira-t-elle ensuite, si brillante, intuitive et juvénile, avec sa déchirure secrète ? En campant le quadragénaire Alceste en cet amour dévastateur pour une veuve de 20 ans, Molière se peignait un peu lui-même face à l'actrice Armande Béjart.

C'est en coquette mi-folle mi-sage que la comédienne Marie-Sophie Ferdane arbore chignon, décolleté et longue robe dans la mise en scène, assez «énervée», qu'orchestre Lukas Hemleb. On pourrait dire aussi «nerveuse», pour cette vision d'une cour où, par exemple, la paire de petits marquis semble une caricature BD de courtisans poudrés et emperruqués, Prêts à dévorer la bouche de qui entrave leur trajectoire.

Torsion. Lukas Hemleb, même metteur en scène qui, au Français déjà, avait fait merveille avec le Dindon de Feydeau, a-t-il raison de revenir avec ce Misanthrope à une espèce de mécanique des corps ? Affectionnant l'outrance des attitudes, voire des grimaces, il parle lui-même ici de «déchirure», revendique la torsion qui projette les uns et les autres loin de leur centre de gravitation naturel. Alceste, au dé