Un grand type barbu débarque du Minnesota avec quatre énormes valises de matériel photographique, qu'il promène pendant la Semaine de la mode parisienne, puis retourne chez lui fixer sur pellicule des hommes et femmes banalement habillés sur des parkings enneigés. Le résultat de cet improbable aller-retour, baptisé «Paris-Minnesota», forme la troisième édition du Fashion magazine, un épais et luxueux ouvrage édité par l'agence Magnum (les deux précédents furent signés Martin Parr et Bruce Gilden). Car Alec Soth, l'impétrant de 38 ans, fut adoubé l'an dernier par le collectif d'une soixantaine de photographes composant Magnum comme il est d'usage dans cette maison collectiviste.
A la différence de la plupart de ses confrères, qui pratiquent aussi photojournalisme et commandes publicitaires, Soth est «l'un des seuls à vivre de ses tirages», précisent Nicolas Guiraud et Christophe Renard, les éditeurs du projet. Lesquels, séduits par le talent et la précocité de Soth, résument ainsi le défi lancé au gars du Midwest : «Il est venu dans le pays de la mode, et il a fait venir la mode chez lui.»
Fashion et plouquerie
A l'origine, Alec Soth est bien plus proche de l'art contemporain. Son galeriste new-yorkais, Gagosian, expose par exemple Murakami, Richard Serra ou Damien Hirst. Mais lui se méfie des petites chapelles. Et quand Gagosian lui déconseille vivement de mettre un pied dans la mode, il y va quand même, intrigué.
Par le passé, il a notamment publié un liv