En 1967, Stockhausen composait Hymnen, fresque électronique d'envergure, saisissante tant par sa durée (2 heures) que par les matériaux qu'elle brasse. Pop artist, le compositeur, à partir d'objets sonores trouvés, des hymnes nationaux aux chants d'oiseaux en passant par des bruits de foule, des cris d'enfants ou des enregistrements d'événements, comme des fêtes ou des réunions publiques, a conçu une sorte «d'orgue des bruits du monde», selon son expression. Née juste avant Mai 68, cette musique charrie les désespoirs et utopies d'alors et pose la question du collectif, «au royaume de Pluramon, celui de l'unité dans la multiplicité».
En 1970, Jean-Albert Cartier, directeur du Ballet Théâtre contemporain d'Amiens, réunit autour du danseur et chorégraphe Michel Descombey un collectif de cinq chorégraphes pour créer un spectacle sur Hymnen, ou plutôt autour, en collaboration avec Gérard Fromanger pour la scénographie, les décors et les costumes.
Prudemment. Trente-cinq ans plus tard, Didier Deschamps, directeur du Ballet de Lorraine, centre chorégraphique national de Nancy, a eu l'heureuse initiative de remonter ledit ballet, sans en faire une reconstruction historique.
La musique est donnée telle qu'à l'origine. Le peintre et dessinateur Gérard Fromanger replonge, proposant une nouvelle scénographie. Quant à la chorégraphie, elle est répartie entre Didier Deschamps, qui se remet pour l'occasion à la composition, et Lia Rodrigues, danseuse-choré