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Libération

Le pouvoir de l'idiot

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publié le 15 juin 2007 à 8h19

Parmi seize autres metteurs en scène, Milos Forman donne au Festival de Cannes une leçon de cinéma (1). Il évoque ses débuts en Tchécoslovaquie dans les années 60, la suite aux Etats-Unis. Des deux côtés du monde, il a fait de grands films : les Amours d'une blonde, Vol au-dessus d'un nid de coucou, Hair, Ragtime, Amadeus, Valmont ­ la meilleure transposition cinématographique des Liaisons dangereuses, roman qu'il affirme ne pas avoir lu. Ce sont des classiques : la puissance du récit et des personnages se développe dans la neutralité du style. La comparant au bocal communiste, il s'accommode de la pression commerciale américaine : «Je préfère cette pression commerciale parce qu'elle est dictée par le goût du public, alors que la pression idéologique est dictée par le goût d'un idiot.» Il arrive que le goût du public, rarement libre, soit arbitraire. Est arbitraire, selon le Robert, ce qui «dépend de la seule volonté, ne procède pas d'un ordre préétabli ou naturel, n'est pas lié par l'observation de règles». En ce sens, rien sous dictature ne paraît d'abord arbitraire : tout procède d'un ordre préétabli, que les maîtres voudraient naturellement éternel. Tout est lié à l'observation de règles. Cependant, l'arbitraire est partout : l'idiot a du pouvoir. Plus il en a, plus il y croit. Il colle terriblement à sa décision. Les règles flottent dans la combinaison. Il suffit d'avoir subi nuit et jour l'idiot qui est en soi pour comprendre ce qu'ar