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La mode dans la peau

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Les Italiens revendiquent un rapport quasi inné au vêtement. Un goût développé dès l'enfance, et assumé par des hommes qui allient souvent élégance et virilité. La marque de fabrique du «latin lover» ?
publié le 16 juin 2007 à 8h19

C'est un souvenir d'enfance solidement ancré dans la tête d'un petit écolier français des années 60. Chaque été, Paulo passait trois mois de vacances non loin de Naples, dans le village natal de ses parents, Italiens installés en France. «Mon grand-père et mes oncles rentraient du travail vers midi, raconte Paulo. Dans la chaleur estivale, ils se mettaient en short et en marcel, savates aux pieds. Ils mangeaient la soupe et la salade tomates-mozzarella préparées par ma grand-mère. Puis c'était la sieste, volets fermés. Vers 16 ou 17 heures, tout le monde se levait et se préparait à sortir.» Pour voir et être vu lors de la promenade de fin de journée sur le corso ­ on arpente la rue principale dans un long va-et-vient appelé passeggiatta ­, commence alors un rituel dont aucune étape n'est, pour rien au monde, escamotée. «Je me souviens que les hommes de ma famille passaient beaucoup de temps à se doucher, à se raser et à cirer leurs chaussures. Dans le couvercle de la boîte, ils mélangeaient quelques gouttes d'eau à la pâte, puis ils nettoyaient leurs souliers de façon circulaire pour lustrer le cuir.»

Coupe parfaite. De ces leçons familiales, Paulo a gardé le goût du cuir et de la chaussure bien faite et entretenue de ses propres mains. «J'adore cirer mes chaussures», avoue-t-il avec gourmandise. Il a aussi conservé en mémoire «l'élégance incroyable» d'un grand-père simple fonctionnaire. «Avec sa chemise blanche ou bleu ciel impeccablement repassée, son pantalon à la coupe pa