Les premiers pistolets, il les a maniés entre les murs de sa propre maison. Et quand il en a empoigné un pour la première fois, lors de son «baptême du feu», pour tuer un garçon du même âge que lui, il n'avait que 15 ans. Après ce premier meurtre, il y en a eu trois autres. Mais à 17 ans, il a pris une autre voie. Ce ne fut pas facile parce que dès que Giovanni (son véritable prénom a été modifié) a décidé que cette «vie de merde» (comme il l'a appelée après) ne lui convenait pas, et qu'il s'est mis à collaborer avec la justice, sa famille et ses amis l'ont rejeté définitivement. Il était devenu «un repenti», «un infâme». Et pour cette raison, il a même été condamné à mort. Mais il est toujours vivant et en bonne santé, protégé par l'Etat italien. D'autres jeunes (ils sont rares, à vrai dire) ont décidé de mettre un terme à leur métier de baby killer. Mais pour beaucoup qui abandonnent, de nombreux autres rivalisent pour entrer dans le monde de la criminalité organisée, afin de devenir picciotti («petits criminels») au service de la mafia et d'y tenter la conquête du pouvoir, jusqu'à devenir boss. Une foule de jeunes partagent cette aspiration à Palerme, Catane, Messine, Gela ; des jeunes dont le destin est tout tracé : entrer en prison et en sortir, dans le meilleur des cas, ou être tué ou condamné à la perpétuité.
«J'ai décidé de collaborer avec la Justice parce que je ne veux plus rien avoir à faire avec la mafia. Elle en est arrivée à tuer des personnes de plus en