il était une fois les tute blu «les cols bleus» ces ouvriers héros des luttes de ce qui fut longtemps la «forteresse prolétarienne» de la Péninsule. Les établissements de Mirafiori se dressent sur une grande avenue tirée au cordeau qui s'appelle toujours le corso Unione-Sovietica. Ils étaient le coeur du «mai rampant», le 68 italien. Ils défrayèrent la chronique pendant les «années de plomb». Mais dans la dernière grosse usine Fiat encore installée à Turin, les derniers ouvriers moins de dix mille ont abandonné les bleus de travail pour des jeans et des tee-shirts maison frappés de la silhouette stylisée de la Mole Antonelliana avec son immense coupole. Les temps ont bien changé depuis l'époque relatée dans Nos plus belles années, le beau film de Marco Tullio Giordana sur les rêves fracassés d'une génération qui avait cru «aux lendemains qui chantent».
«Edifice génial». Les entrées et sorties des usines ne rythment plus la vie de cette cité d'un million d'habitants étirée au pied des Alpes. Turin n'est plus la «ville Fiat» où jusqu'à 130 000 personnes étaient directement employées par la plus grande entreprise industrielle italienne. Fiat reprend désormais dans son logo le monument symbole de la capitale piémontaise : le môle d'Alessandro Antonelli déploie une flèche de plus de 165 mètres de hauteur, record longtemps inégalé en Europe pour une structure de maçonnerie. Cet étrange bâtiment, dont la construction débuta en 1863, mêle par ailleurs colonnades néoclassiques